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"Faut pas croire tout ce qu'on voit sur le web" – Einstein

La croisière s’allume : de l’art de présenter les choses

Le billet d’aujourd’hui sera relativement court pour plusieurs raisons. Tout d’abord même si je suis sur un bateau de croisière, c’est exténuant, tout démarre vers 8h du matin et finit vers 22h. Le navire est rempli de commodités : bars, restaurants, minigolf, piscine, bains chauds, saunas, une bibliothèque, des cafés, des salons de massage, des magasins, des théâtres, des cinémas et dieu sait quoi d’autre. Moi je ne le sais pas parce que je n’ai pas eu le loisir d’un seul de ces endroits, à l’exception de quelques restaurants, d’un café et d’un tapis de course.

Je ne me plains pas cependant parce que je suis à où ça compte. Je rencontre des gens fascinants et ça n’est pas un euphémisme. Dans leur grande majorité, les gens ici sont très agréables, engageants et valent le coup d’être rencontrés.

Ce billet est une traduction de  : Nothing to fear: ConspiraSea cruise day 3

Jusqu’ici, mes discussions avec les autres participants ont été, sans aucune exception, assez plaisantes. Nous nous attendions à pas mal de paranoïa dans un séminaire de théoriciens de la conspiration, mais ça n’est pas un problème. La seule réaction de ce type que j’ai vu pour le moment est venue d’en dehors du bateau. En googlisant un homme que j’avais rencontré lors d’un repas le premier jour, j’ai vu que quelqu’un avait posté une copie de mon premier rapport sur son mur Facebook et demandait « qu’est ce que ce stalker (terme intraduisible signifiant à la fois espion et voyeur NDT) fait sur ce bateau ? ». L’idée que j’en suis un est également apparue sur Twitter, je pense qu’il est légitime d’appeler cela de la paranoïa étant données toutes les précautions que nous avons prises pour être le plus franc et le moins perturbateur possible.

J’ai fait un appel public aux dons pour payer le billet, écrit des articles de blog à propos de mes plans sur le bateau et communiqué avec les organisateurs peu de temps avant le départ. Je m’assure également de bien préciser à toutes les personnes avec qui je converse que je suis un sceptique et ai distribué plein de cartes avec un lien vers ce blog et mon livre. Et en dehors de mes questions à Shrout, pour lesquelles j’ai attendu que sa conférence soit finie, tout ce que j’ai fait a été de rester assis et d’écouter. (Enfin à part prêter une télécommande à un couple de conférenciers qui en avait besoin.)

J’ai été déçu par la réponse de mon compagnon de table, plutôt que d’expliquer quoi que ce soit de tout ce que je viens de dire à son correspondant, il a répondu qu’il allait « s’assurer que tout le monde soit au courant de ce que je tramais ». C’est curieux de penser qu’il aurait qu’il aurait besoin de faire ça puisqu’il m’avait entendu le faire moi-même le premier jour et qu’il m’avait vu écouter attentivement et poliment à toutes les présentations depuis.

Je l’avais même aidé à régler un problème de prise qu’avait eu Sherry Tenpenny avec un adaptateur que j’avais dans mon sac et j’avais prêté une télécommande à une conférencière à un autre moment (j’en donne moi-même souvent donc je transporte les indispensables avec moi). Sa correspondante sur Facebook ne savait pas cela, tout ce qu’elle saura c’est qu’il va « se confronter personnellement » avec moi et cela valide sa peur que le stalke les participants. Résultat : plus de paraoïa et moins de compréhension.

Dans le même temps, les discussions avec les autres participants sont satisfaisantes. Comme je l’ai déjà dit, je n’identifierais personne à moins que ce ne soit des personnages publics ou qu’ils m’en aient donné la permission expresse. En gros, j’ai de de passionnantes conversations avec des gens que je n’aurais jamais rencontré autrement. Le contexte des conférences encourage ce genre de petites discussion informelles, et aide à débattre de sujets même très clivants (vaccins, religions, politique, etc) de façon décontractée et productive. Une femme m’a dit qu’elle pouvait lire les énergies à partir d’une photographie de mon chien que j’ai avec moi et elle m’a dit qu’Alu est un chien heureux et aimé. Je ne crois pas à ce genre de chose, et alors ? Elle avait raison. Et elle était douce et gentille.

De la même façon, j’ai passé un peu de temps avec Laura Eisenhower l’autre jour, je trouve toujours ses croyances incompréhensibles mais sa prévenance et sa gentillesse m’ont frappé.

Ce soir, j’ai soupé avec un gentleman qui a une parfaite confiance dans le travail de Zecharia Sitchin sur Nibiru et qui est fan de « l’érudit » pseudolégal que j’ai critiqué dans mon dernier billet. Nous avons eu une conversation très agréable à propos de ces deux sujets, y compris ce sur quoi nous ne sommes pas d’accord. Nos convictions sur la science, la religion ou la politiques semblent diamétralement opposées, aucun d’entre nous n’a de chance de faire changer l’autre d’avis sur ces fronts. Cependant, nous avons eu une conversation posée et agréable, et nous nous sommes quittés bons amis.

Comme je l’ai déjà dit, c’est le but de ce projet : évidemment, je veux en apprendre plus sur les théoriciens de la conspiration et les idées irrationnelles, mais c’est aussi pour œuvrer pour le bien du Monde en faisant reculer les idéologies fausses et néfastes. Stalker les gens et se montrer agressif ne sont pas de bons moyens de réaliser ce but, former des amitiés – même courtes – en est une par contre.

Nous n’allons pas interférer avec les messages délivrés ici, même les horriblement faux comme ceux de Shrout, je veux que les gens rencontrent un sceptique et réalisent que nous sommes des gens de bonne compagnie, et que nous réalisions que cela peut être leur cas aussi.

Si j’ai une inquiétude à propos des participants à cette croisière, c’est qu’ils réalisent que les sceptiques sympathiques sont mauvais pour leurs affaires. Il est possible que nous diaboliser leur semble être une bonne stratégie pour creuser les divisions – et ces dernières sont une bonne part de ce qui protège cette communauté des faits qui menacent leurs croyances. La peur est le premier message porté ici : ayez peur des vaccins, des OGM, de la science, du gouvernement, des aliens, des avocats et des sceptiques.

Je serais ravi de ma semaine ici simplement si mes compagnons de dîner rentrent chez eux en ayant compris qu’ils n’y a rien à craindre de ces derniers, c’est le premier pas vers la fin de leur peur des autres.

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