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"Faut pas croire tout ce qu'on voit sur le web" – Einstein

La croisière s’allume : débats houleux (jour 5 – 1)

Alors voilà où en étaient les choses ce vendredi. J’étais globalement au courant de ce qui s’était passé, puisqu’il y avait de nombreuses personnes sur le bateau ; les journalistes étaient parfaitement d’accord sur le fait que les événement de jeudi étaient bizarres et alarmants. Comme je l’ai dit, je ne me suis jamais senti en danger sur ce navire.

Cet article est une traduction de : A skeptic on the ConspiraSea cruise, day 5: I Just Can’t Do Another Nautical Pun

Mais je ne me suis jamais non plus fait embusqué dans aucune conférence, ni n’ai vu débarque quelqu’un par surprise, pas plus que je n’ai été pris à parti ou enguirlandé (à une exception près – sur laquelle je vais revenir – et encore ce n’était pas dans un contexte menaçant). Je sais que les journalistes ont demandé aux organisateurs si oui ou non ils seraient en sécurité, et il y a eu des discussions sur le fait de prévenir la sécurité si cela devait arriver à nouveau.

Je serais surpris que ce soit nécessaire – mais pas aussi surpris que ce que je l’aurais été si on avait été mercredi.

Vendredi après-midi, j’étais encore en train de discuter avec Badnarick, à prendre des conseils sur comment lutter contre le mal de mer (tout va mieux maintenant). Nous étions même devant la même pièce où nous étions mercredi, lorsque j’ai entendu des cris venant à nouveau du même endroit.

Je n’ai pas traîné cette fois et me suis dirigé droit là-bas, mais lorsque j’y suis arrivé il m’a fallu un moment pour comprendre ce qu’il se passait. De ce que je peux en dire, Horowitz et Kane avait téléchargé du contenu concernant le journal pour lequel lequel l’équipe photographe + journaliste travaille. Peut-être copier des articles de Wikipédia, je ne suis pas sûr.

Quoi que ça ait été, ils étaient vraiment, vraiment, hors d’eux. Horowitz en particulier était blême de rage et agressait tout le monde.

Les journalistes se sont retranchés dans un coin pour parler à l’un des organisateurs à propos (j’imagine) des problèmes de sécurité. Horowitz les aurait suivi si l’une des personnes sur lesquels il hurlait n’avait pas été le gentleman que j’ai déjà mentionné (le 1er jour, j’ai dit avoir déjeuné avec lui et le 3ème il promettait à sa communauté Facebook qu’il « se confronterait personnellement » à moi et qu’il allait révéler à tout le monde ce pour quoi j’étais là – il a fait les deux).

Il a bloqué Horowitz et essayé de le calmer, prenant la défense des journalistes sans hésitation. Je crois qu’il y a eu un peu de bousculades, même si je n’en suis pas sur – tout c’est apssé très vite – et Horowitz a dit à deux d’entre eux de le suivre dans la salle de gym. Je suppose qu’il voulait se battre avec eux – un point auquel je pense que le personnel du bateau serait intervenu pour soit les séparer soit faire payer un ticket d’entrée. Ils sont bons pour faire du fric ici !

Donc, encore, une confrontation bizarre et inquiétante. Au moins un des reporters s’inquiète de sa sécurité personnelle depuis, et je ne l’en blâme pas. Même si ce genre de colère est l’exception bien plus que la règle, même parmi les plus virulents des orateurs, il est de toutes façons inquiétant que cela soit arrivé. Il suffit d’une seule personne pour qu’arrive des horreurs après tout.

Les participants, pour la majorité, semblaient très peinés de la tournure des choses. Je n’ai pas parlé à tout le monde, donc il est probable que dans un groupe de cette taille il y ait des gens pour soutenir ce genre d’éclats mais une fois de plus, cela serait une exception à ce qui me semble être la règle : ces gens sont là pour débattre, pas pour se battre. Qu’il y ait des exceptions parmi les conférenciers n’est peut-être pas aussi surprenant que cela pourrait l’être au premier abord.

Sillage turbulent (une autre blague nautique, désolé) :

Et nous voilà au moment où j’entre en scène. Je suis entré dans la pièce juste au moment où les journalistes allaient vers le coin pour discuter avec les organisateurs et le gentleman anti-vax (il a demandé à ne pas être nommé) faisait face à Horowitz. Tout ceci se déroulait devant une des salles de conférence, donc j’ai été un petit peu surpris de voir Andrew Wakefield passer. Il n’avait aps fait une seul apparition dans une conférence qu’il ne donnait pas lui-même. J’avais oublié qu’il y avait eu un changement dans le planning : il venait répéter un des exposé populaire qu’il avait donné plus tôt dans la semaine.

Nous avions été averti que Wakefield et Jeffrey Smith, le démagogue anti-OGM, ne souhaitaient pas la présence de médias lors des événements les concernant, donc j’ai été à nouveau surpris qu’il invite les journaliste à y assister. Il voulait vraiment qu’ils soient là. Mais ils pensaient, comme moi, que ce n’était qu’une répétition de ce qu’ils avaient déjà vu plus tôt. Donc ils ont choisi d’assister à autre chose, un débat sur les machine de contrôle de l’esprit.

Je ne sais pas si oui ou non Wakefield savaient que j’écrivais sur sa conférence ou pas, mais apparemment je suis un média maintenant – un sentiment très étrange pour moi – donc j’ai été invité et ai accepté.

Wakefield a commencé en exprimant sa déception que les médias ne soient pas venu. Puis il a demandé si il y avait des médias dans l’assistance, et je me suis levé pour rappeler que j’écris un livre et que j’étais présent pour Violent Metaphor. Lorsque l’on m’a demandé si Jennifer (propriétaire du blog NDT) a un point de vue particulier sur les vaccins, j’ai dit que nous sommes tous les deux pro-vaccin et qu’aucun d’entre nous ne croit que les vaccins causent l’autisme. Prenons un moment pour observer que c’est un point de vue prévalent non seulement chez monsieur et madame tout-le-monde, mais également chez les experts.

Wakefield n’était pas mécontent que je sois là, mais je n’étais pas le poisson qu’il voulait attraper. Il a à nouveau mentionné qu’il aurait souhaité la présence de journaliste et a dit qu’il « voulait leur poser quelques questions ». Pas en privé apparemment, mais devant un public prêt au drame et au spectacle.

Il avait préparé un article que quelqu’un lui avait donné, publié précédemment par un des journaux d’un des reporters présent sur la croisière. Pas un article écrit par ce journaliste en particulier, juste un texte vieux de quelques années sur la « science poubelle ». L’article faisait quelques critiques du travail de Wakefield pour le Lancet, et de ce que je peux en dire, il me semble qu’il voulait l’utiliser pour décrédibiliser le journaliste – qui, une fois de plus, ne l’avait pas écrit mais je suis certain qu’il aurait été ravi d’aborder ce point en privé avec lui.

Ou peut-être même en public si il lui avait demandé de se joindre à une conversation au lieu d’essayer de le piéger en public lors d’une conférence.

Bien si Wakefield ne pouvait pas avoir de vrai journaliste, au moins il m’avait moi. Il a commencé par me demander de dire au public si j’avais lu le papier du Lancer moi-même et ainsi a débuté une longue et gênante période où j’étais le centre d’un discours peu amical.

Il faudra que je raconte cette histoire dans un autre billet (si j’essaye de tout rédiger maintenant, je ne vais plus rien voir des événements d’aujourd’hui), je voulais surtout partager quelques-uns des événements de ces derniers jours lorsqu’ils tournaient autour des journalistes à bord, surtout depuis que les médias sociaux relayent beaucoup d’histoires relatant des moment tendus.

Certaines viennent de moi, mais également des complotistes à bord qui ont des comptes sur Facebook. Et je n’ai pas vraiment de conclusion à formuler. L’histoire n’est pas finie. Et elle ne sera jamais vraiment finie puisque cette conférence n’est qu’une partie de la bien plus longue discussion entre les idéologies mainstream et leurs pendants passionnées, marginalisées et largement irrationnelles enracinées dans les théories conspirationnistes.

Je peux en revanche déjà conclure sur un certain point : les gens qui assistent à ces conférences sont nos frères et nos voisins. L’Alchimiste Global ? Le spécialiste des agroglyphes ? J’ai parlé aux deux et franchement ce sont des gens avec qui vous adoreriez boire un coup. Il est probable qu’une partie des gens avec qui vous prenez l’apéro, travaillez ou partez en vacances partagent leurs idées bizarres.Et les anti-vax ? Eux aussi. Oui, leurs croyances peuvent être dangereuses, voire même mortelles, pour les enfants.

Oui, je tourne et retourne ça dans ma tête en me demandant comment tout cela peut s’articuler. Je ne peux pas résoudre ça autrement qu’en disant que ce bateau contient de nombreuses personnalités, tout comme chaque personne à bord.

Tout n’est pas toujours tout rose. Le traitement accordé aux journalistes est inexcusable. Mais virtuellement personne n’essaye de l’excuser.