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"Faut pas croire tout ce qu'on voit sur le web" – Einstein

Petit manuel à l’usage des sceptiques en soirée

Tout sceptique s’est déjà retrouvé confronté à un mur : une personne défendant des positions pseudo-scientifiques et refusant d’en démordre, quels que soient les arguments utilisés.

Cela engendre, a minima, de la frustration et au pire de l’agressivité, ce qui fait parfois passer les sceptiques pour – comble de l’ironie – des gens fermés d’esprit..

Et si c’était la méthode qu’il fallait remettre en question plus que la somme de connaissances à mobiliser ?

(NDT)


J’ai reçu un e-mail comportant un lien vers une vidéo du « Dr » Léonard Coldwell, un naturopathe qui est dénoncé sur le RationalWiki comme étant un arnaqueur et un escroc notoire.

Voici quelques exemples des affirmations faites dans la vidéo :

  • tous les cancers peuvent être traités en 2 à 16 semaines

  • à la seconde où votre corps devient alcalin, le cancer s’arrête, un Ph de 7,36 est idéal 7,5 est le mieux pour la phase de guérison (en fait tout le monde est alcalin, le Ph normal se situe aux alentours de 7,35 – 7,45).

  • des injections de vitamine C en intraveineuse font disparaître les tumeurs en quelques jours

  • très souvent, le sel vendu est composé d’1/3 de sel, d’1/3 de verre et d’1/3 de sable, le verre et le sable irritent les membranes des artères, elles saignent et du cholestérol se dépose pour arrêter le saignement

  • les patients des unités pour grand brûlés reçoivent entre 20 et 25 œufs durs par jours car seul le cholestérol peut reconstruire des cellules saines et 87% d’une cellule est fait de cholestérol

  • les docteurs ont la plus faible des espérances de vie, 56 ans (en fait ils ont l’une des plus longues aux États-Unis).

Mon correspondant reconnaissait que cette vidéo était une forme dangereuse de charlatanisme qui pouvait causer du tort à des gens vulnérables et la qualifiait de « ramassis de stupidités, alliant l’imagination à la bêtise crasse ». Sa question portait sur la meilleure façon de convaincre quelqu’un de l’inanité de la vidéo.

« Si on pouvait compter sur les gens pour se renseigner sur les faits basiques évoqués, ce serait d’une simplicité enfantine » pensait-il. « Mais pour le passant lambda qui tombe là-dessus par hasard et qui se dit ‘‘Et bien, ce type semble juste de vouloir que les gens aient une meilleure alimentation », il ne sert à rien de lui mettre le nez dans le n’importe-quoi raconté, il va se sentir agressé ».

Sa question était donc : « Comment présenter les choses de la meilleure façon à quelqu’un qui est a) émotionnellement investi dans ce genre de chose et/ou b) plutôt d’accord avec ce qui est dit… je veux juste avoir l’air compréhensif, sans agresser qui que ce soit qui se sente sur la défensive et faire valoir mon point de vue. Je suis en fait assez surpris de n’avoir aucune idée de comment faire. Quelle serait la meilleure façon de faire pour ça ? ».

Une réponse simple :

Il n’est pas possible d’obliger quelqu’un à changer s façon de voir les choses, il faut le faire de soi-même. Une approche en douceur consiste à poser des questions qui amène à douter et font tranquillement découvrir la vérité sans coaching extérieur.

C’est quelque-chose que Socrate faisait très bien. Il n’est plus là pour le faire mais on peut suggérer le genre de question qu’il aurait pu poser.

Et avant tout, il vaut mieux commencer par (en quelque sorte) valider ce qui est dit « Hé, ça a l’air vraiment pas mal, je comprend que tu sois impressionné ! Par contre, il y a quelques questions que je me pose… »

Si l’alcalinisation marche si bien, pourquoi est-ce qu’il se donne du mal pour recommander tant d’autres moyens de guérir le cancer comme avec de la vitamine C, de l’oxygène ou un régime végétalien ? Pourquoi est ce que les oncologues ne proposent pas eux aussi ces cures à leurs patients ? Quelles chances y a t il pour que cette seule personne ait raison et que la totalité de la communauté médicale ait tort sur tout et n’importe-quoi, du sel aux vitamines en passant par le cholestérol ? Comment penses-tu qu’il en est arrivé à ces conclusions ? Est ce que tu as déjà regardé une vidéo dont tu savais qu’elle était fausse de bout en bout ? Comment ferais-tu pour vérifier si un élément de celle-ci l’est ?

Est-ce que tu as lu ce que les autres docteurs disent sur le sujet de la diète alcaline ? Y aurait il un moyen de vérifier ses affirmations grâces à d’autres sources ? Est ce que ça vaudrait le coup d’aller jeter un œil aux études médicales qu’il cite ? Si tu crois que ce docteur « veut simplement que les gens mangent mieux », tu ne crois pas que c’est aussi le cas pour tous ceux qui ne sont pas d’accord avec lui ? Si tu attrapes le cancer et que son traitement n’a pas éliminé la tumeur en deux jours, que vas-tu en penser ? Qu’est ce que tu feras ?

Est ce que tu crois que « très souvent le sel est composé d’1/3 de verre et d’1/3 de sable ? Est ce que tu sais que la FDA demande à ce que le sel soit composé au minimum de 97,5% de chlorure de sodium ? Et que c’est souvent bien plus pur ?

On peut même tester nous-même, le verre et le sable ne se dissolvent pas dans l’eau, le sel va disparaître et tout ce qui reste au fond va couler et former un sédiment visible. Est ce que tu vois un résidu de sable et de verre au fond du récipient ?

Comment est ce que le sable et le verre ingérés pourraient passer dans les artères et les irriter ? Ce sont des matériaux insolubles non ? Est ce qu’il ne devraient pas rester dans le système digestif et finir aux toilettes ?

Ma règle de « Dr Sceptique » est qu’avant d’accepter une affirmation, il faut essayer de trouver qui n’est pas d’accord avec et pourquoi. Il y a quasiment toujours deux camps et il est souvent facile de déterminer lequel est soutenu par les meilleurs preuves et raisonnements.

Si votre interlocuteur refuse de ne serait-ce que les regarder, il est inutile de continuer la discussion.

Il ne faut pas espérer « gagner » : les vrais croyants sont imperméables aux preuves et à la raison. Le mieux que l’on puisse espérer faire est de planter la graine de doute. Et parfois il va falloir beaucoup de graines, arrosées par de nombreuses sources sur de longues années pour obtenir un effet.

Aller plus loin :

Depuis que j’avais écrit ceci, j’ai bien plus appris sur comment parler à un croyant et je suis persuadé que tout n’est pas aussi désespéré que j’ai pu le penser.

J’ai écouté le philosophe et pédagogue Peter Boghossian donner une conférence et j’ai été assez intrigué pour acheter et lire son livre « Manuel pour créer des athées », où il décrit la méthode ise pour discuter avec les croyants afin de les aider à se demander jusqu’à quel point ils sont certains de la véracité des croyances sur lesquels ils basent leur foi, leurs superstitions ou leurs idées préconçues.

Au lieu de discuter d’une croyance en particulier, il essaye d’amener les gens à analyser comment ils en arrivent aux croyances en général. Il semble que la majeure partie de ce qu’il dit puisse tout autant s’appliquer aux tenants des pseudo-médecines qu’aux religieux fervents.

Tout le monde ne veut pas forcément créer des athées mais on peut espérer que tout le monde a envie de développer l’esprit critique.

Interroger l’épistémologie, pas les croyances elles-mêmes :

Plutôt que de questionner des croyances spécifiques, Boghossian questionne l’épistémologie (l’étude de la connaissance, comment nous en venons à savoir ce que nous savons, comment nous en arrivons à accepter qu’une croyance est vraie, fondée.

Son approche est basée sur la méthode socratique : poser des questions à son interlocuteur afin de lui permettre de clarifier sa pensée. On peut le voir en action dans une série de vidéo YouTube par Anthony Magnabosco. Il y fait de « l’épistémologie de rue » en demandant à des gens choisis au hasard comment ils en sont venus à croire en dieu, et s’ils utilisent une méthode possiblement erronée pour cela, en tentant de le leur montrer.

Comment savons-nous ce que nous savons ? En tuyuca, le langage d’une tribu de la forêt pluviale amazonienne, dire que quelqu’un est en train de couper un arbre nécessite aussi de spécifier comment on le sait (1).

Si vous entendez quelqu’un couper un arbre, alors il faut dire « Kiti-gï tii gí », où gí sert à indiquer que c’est quelque-chose que vous entendez. Mais si vous voyez quelqu’un couper un arbre, alors vous dites « Kiti-gï tii-í » où le í précise que vous avez bien vu la scène. Et si vous n’avez pas vraiment vu la scène mais que vous avez de bonnes raison de penser que quelqu’un est en train de couper un arbre, alors vous direz « Kiti-gí tii-hXi » mais si vous avez eu l’information par des on-dits alors cela requiert un marqueur spécial : « Kiti-gï tii-yigï ».

Ça pourrait être utile en français d’avoir de tel marqueur qui indique la source de la connaissance, cela n’existe pas mais on peut tout de même spécifier la chose en ajoutant des mots !

Boghossian donne 5 raisons qui font que les gens adhèrent à des propositions absurdes :

  1. ils ont l’habitude de ne pas baser leurs croyances sur des preuves

  2. ils ont basé leurs croyances sur ce qu’ils pensaient être des sources valables

  3. ils n’ont jamais été exposé à des épistémologie ou des croyances concurrentes

  4. ils cèdent à la pression sociale

  5. ils dévaluent la vérité ou sont relativistes.

Toutes ces options peuvent s’appliquer aussi aux charlatanismes médicaux.

Les vrais croyants changent parfois d’avis. Énormément de gens se sont convertis pour changer leur religion ou la rejeter et énormément de tenants de thérapies bizarres les ont rejeté en faveur de la science.

Swift disait « On ne raisonne pas quelqu’un à propos d’un sujet sur lequel il ne raisonnait pas déjà ». Mais des gens ont été raisonné, y compris beaucoup de prêcheurs.

Comment peut on aider ce processus ?

La méthode socratique :

La méthode socratique a 5 paliers :

  1. Le questionnement (je me demande si il y a de la vie sur d’autres mondes ? )

  2. L’hypothèse (il doit y en avoir vue l’immensité de l’Univers)

  3. L’élenchus – série de questions/réponses où le facilitateur génère de nouvelles idées à propos de ce qui pourrait réfuter l’hypothèse (Et si nous étions les premiers ? Ou les seuls restants ? )

  4. Accepter ou réviser l’hypothèse (Il y en a probablement…. mais peut-être pas)

  5. Agir en conséquence (Arrêter de dire que l’on est certain qu’il y en a).

En version charlatanisme, cela donnerait :

  1. Je me demande si l’arbre à thé peut guérir ma mycose ?

  2. Je sais que oui puisque ça a marché pour mon cousin

  3. C’est vrai, mais si elle avait guéri toute seule ? Et si ça n’était en fait pas une mycose ? Et si une étude contrôlée avait montré que ça ne marche pas ?

  4. Je ne peux pas dire si ça va marcher, mais je vais l’essayer

  5. Si ta mycose guérit, ne va pas raconter partout que tu as prouvé que ça marche.

Mettre en œuvre la méthode :

Cela aide beaucoup d’établir une relation amicale, de confiance, avec son interlocuteur, essayez d’établir ce que vous avez en commun, montrez un intérêt pour ses croyances, faites l’effort de tenter de comprendre exactement ces dernières et de comment cette personne y est arrivée.

Demandez « tu peux m’en dire plus à propos de ça ? » et validez son expérience, ne partez pas du principe que votre interlocuteur a tort, au contraire, supposez qu’il peu avoir raison et montrez que vous êtes prêts à changer vos propres croyances si on vous donne suffisamment de preuves pour ça.

Cela ne doit pas être une relation d’adversité : souvenez-vous que vous pouvez apprendre de tout le monde, chaque personne que vous rencontrez sait quelque-chose que vous ignorez.

Ne parlez pas des faits, si cette personne n’a pas formé ses croyances sur des faits, elle ne les changera pas avec des faits non plus. L’idée n’est pas de changer la croyance mais de changer la façon dont elle se forme. Ne vous concentrez pas sur quelque-chose de précis mais plutôt sur comment se forme une croyance et de comment arriver à en avoir de plus « vraies ».

Est ce que d’autres personnes ont de fausses croyances ? Comment cela peut-il arriver ? Demandez donc des exemples de personnes portant de telles convictions et demandez-vous ensemble comment ces derniers en sont arrivés là ?

Demandez de noter sur une échelle numérique la confiance dans ces certitudes. Magnabosco utilise une échelle de 0 à 100 (100 étant la certitude absolue).

Si vous pouvez penser à une affirmation qui contredise celle du tenant, demandez comment on pourrait procéder pour déterminer lequel de vous deux a raison. Si deux croyants croient aussi forts l’un que l’autre à deux religions, ils ne peuvent pas tous les deux avoir raison ; comment pourrait-on faire pour déterminer laquelle est la bonne.

Si l’un dit que la source de tous les maux sont les sub-luxations, tandis qu’un autre prétend que tout vient de perturbation du qi dans les méridiens, il ne peuvent pas avoir raison tous les deux.

Si la question des preuves vient sur le tapis, demandez « Pour chaque croyance basée sur des preuves, il est possible que l’on puisse trouver d’autres preuves toutes récentes et qui pourraient faire changer quelqu’un d’avis. De quelles preuves aurais-tu besoin pour changer d’avis ? ».

Et si votre interlocuteur se base sur quelque-chose qu’il ressent, posez-lui la question de comment il pourrait faire la différence entre se genre de sentiment et une illusion. Il est bien moins probable que ce soit une illusion si le tenant désire réviser son opinion.

Boghossian utilise cette série de question en salle de classe :

  1. Est-il possible que certaines personnes interprètent mal la réalité ?

  2. Est ce que certains interprètent vraiment mal la réalité ?

  3. Si on désire connaître la réalité, un procédé est-il aussi bon qu’un autre ? Tirer à pile ou face ? Analyser ses rêves ? Faire une expérience scientifique ?

  4. Donc, y a t il des procédés meilleurs que d’autres ?

  5. Y a t il un moyen de découvrir quel procédé est le meilleur et le pire ?

La plupart des étudiants réalisent rapidement que les procédés basés sur la raison et l’évidence sont plus fiables que les autres pour ça.

Il faut comprendre que certaines personnes sont des victimes épistémologiques qui n’ont jamais rencontré d’autres moyens de comprendre la réalité. Certains croyants religieux ont été délibérément isolés et protégé de l’exposition à quelques informations qui entrent en contradiction avec le dogme.

Pour les charlataneries, même certains docteurs et scientifiques échouent à comprendr vraiment ce qu’est la méthode scientifique et à quel point elle est importante.

Les adeptes de ces peudo-sciences cherchent à recruter des gens partageant leur mode de pensée et internet et ses « bulles de filtrage » leur permettent de ne jamais se retrouver en présence d’informations qui contredisent ou infirment leurs croyances.

Ca vaut certainement le coup d’essayer d’aider les gens à réfléchir de façon plus claire, pensez-y comme à une intervention sociale, comme de « déprogrammer » un membre de secte. Il y a des gens qui ont besoin de votre aide.

La certitude est l’ennemi de la vérité, elle supprime la curiosité et étouffe l’envie d’aller voir par soi-même. Susan Jacoby écrit « je pense au premier athée comme à quelqu’un qui, en déplorant la mort d’un enfant, a refusé de dire  »c’était la volonté des dieux » et a commencé à chercher des explications rationnelles à la place ».

Si tout le onde avait pensé que l’homéopathie pouvait tout guérir, les antibiotiques n’auraient jamais été découverts. La réalité est toujours un meilleur guide dans la vie que le fantasme ou l ‘erreur.

Boghossian cite un autre auteur qui voit la religion comme une sorte de virus infectant les gens, se transmettant à d’autres, programmant son hôte pour répliquer le virus, créant des anticorps et des défenses contre les autres religions, supprimant certaines fonctions mentales et physiques et se confondant avec le porteur à un tel point qu’il n’est pas détectable par ce dernier.

Vues comme ça, les charlataneries sont un virus.

Il est cruel d’enlever à des gens leurs chères croyances sans offrir en retour d’autres espoirs d’une vie meilleure. Pour cela, Boghossian a quelques propositions afin de venir en aide aux relapses ayant abandonné leurs croyances et ayant besoin de nouveaux modes de pensée sur lesquels se reposer.

Pour les charlataneries, nous pouvons offrir un moyen réellement efficace de déterminer si oui ou non un traitement marche (la méthode scientifique), les diriger vers des sources crédibles d’informations et les rendre capable de déterminer si quelque-chose relève des pseudo-médecines.

Comme le dit Bill Nye « la Science déchire ! ». Elle ne fournit pas toujours des certitudes, mais un peu d’incertitude n’est il pas préférable à de fausses certitudes ? La science est fascinante, excitante et pleine de surprises, sans compter qu’elle a l’immense avantage d’être dans le vrai.

Si vous échouez :

Si vous pensez que vous avez échoué, vous avez peut-être tort : si votre interlocuteur se met en colère ou semble se raccrocher encore plus fort à ses croyances, c’est peut-être qu’il est déjà en train de douter ou au bord d’une prise de conscience.

Boghossian déclare qu’il est possible qu’il « ait dit des choses, ou pris des positions, qui vont justifier les croyances pour elles-mêmes ». Peut-être avez-vous fait un petit accroc dans leurs certitudes, et cet accroc pourra être le commencement d’une véritable brèche…

Le retour en force final :

Les vrais tenants en arrivent souvent à l’un de ces deux arguments afin de rationaliser leur position lorsque les faits sont décidément trop têtus :

  1. « C’est vrai pour moi »

  2. « Même si ça n’est pas vrai, ça aide les gens » (en fournissant de l’espoir, de la motivation, etc).

A ce moment, vous pouvez demander si cela aide vraiment les gens de leur fournir de fausses croyances.

Un autre approche sceptique :

Benjamin Radford, dans un récent article du Skeptical Enquirer (2), offre lui aussi de très bons conseils : il décrit sa réponse à une femme qui pensait avoir été victime d’un mauvais sort et lui demandait de lui venir en aide.

Il a sympathisé avec elle, l’a assurée qu’il s’inquiétait pour son bien-être et lui a accordé qu’en effet « quelque-chose » se passait. Pour résumer, il a fait preuve d’ouverture d’esprit. Puis il a instillé un peu de doute et a offert une alternative en lui fournissant des informations fiables et crédibles sur les techniques des gourous mentaux.

Il a ensuite montré son sérieux en tant qu’expert sur le sujet, en se concentrant sur la psychologie de la croyance dans les malédictions. Il lui a expliqué que toutes ces choses sont fondamentalement les mêmes et lui a conseillé d’arrêté d’aller voir des médium et de se rappeler que tout le monde souffre de ce qu’elle attribuait au mauvais sort et qu’il valait mieux se concentrait sur les choses positives que sur les négatives.

Le mot de la fin :

Personne ne peut affirmer qu’il existe une étude contrôlée pour montrer que cette méthode fonctionne quand il s’agit de persuader un vrai tenant de changer d’avis, ni qu’elle marche mieux qu’une autre. Mais les autres méthodes ont peu d’histoires couronnées de succès et il semble que ça vaille le coup d’essayer.

Par contre, il faut bien avouer que c’est très loin d’être facile, ayant récemment essayé la méthode de Boghossian dans un échange de mail avec une femme qui avait toutes sortes de croyances étranges, je me suis lamentablement planté.

Dans mon expérience, qui compte de nombreuses discussions similaires, les tenants finissent toujours par faire des affirmations qui sont tellement scandaleuses que je perds mon self-control et que je ne peux tout simplement pas m’empêcher de leur jeter des faits à la figure pour leur montrer à quel point ils ont tort, ce qui met fin à tout espoir d’une discussion constructive.

Mais je continue d’essayer et j’ai envie de pouvoir entendre les récits d’autres personnes ayant réussi (ou même échouer) à appliquer cette méthode.

A aucun moment, le but de Science Based Medecine n’est de convaincre les vrais croyants mais de fournir des informations exactes à des gens dont l’esprit n’est pas irrémédiablement corrompu et peuvent prendre des décisions sensées en terme de santé.

Et nous n’avons eu quelques jolis succès dans ce domaine.

Notes :

  1. The Power of Babel, by James McWhorter. New York: Henry Holt and Company, 2002. P. 180.

  1. Radford, B. “A skeptic’s guide to ethical and effective curse removal.” Skeptical Inquirer 39:4, p. 26-8. July/August 2015 .

Traduit de Answering Cancer Quackery: The Sophisticated Approach to True Believers

7 commentaires sur “Petit manuel à l’usage des sceptiques en soirée

  1. johnpcmanson
    4 juillet 2015

    Pour tenter de convaincre les crédules (et essayer de les convertir vers le bon sens, ce qui restera très improbable), on pourrait mettre en évidence les contradictions présentes dans la « thérapie » du « docteur » Coldwell.

    Par exemple :

    On a lu que : « à la seconde où votre corps devient alcalin, le cancer s’arrête ».

    Mais on a vu à la ligne suivante que : « des injections de vitamine C en intraveineuse font disparaître les tumeurs en quelques jours ».

    Or la vitamine C est l’acide ascorbique, donc un acide organique, soit le contraire d’un alcalin. Cela contredit la condition (imaginaire et inventée) que le corps doit être alcalin pour arrêter (soi-disant) le cancer…

    A propos de la croyance selon laquelle l’acidité conduit à la cancérisation, j’ai moi-même écrit un article similaire il y a environ 3 semaines :

    Secrète, la « vraie » cause du cancer ?

    En creusant les arnaques pseudoscientifiques de ce genre, on peut trouver d’où vient l’erreur : celui qui a prétendu un lien entre acidité et cancer a inversé (intentionnellement ou par accident) la cause et l’effet.

    Bien souvent les prophètes des pseudosciences inversent la cause et l’effet pour construire de « grandes théories », pour mystifier les crédules. Cette inversion de la cause et de l’effet est connue sous le nom latin de « post hoc ergo propter hoc ». Les erreurs de raisonnement conduisent aux illusions logiques.
    Pour en savoir plus : http://www.charlatans.info/logique21.shtml

    😉

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    • Maeelk
      4 juillet 2015

      Ah FreeWiseMan, un monument élevé à la bêtise et au conspirationnisme pseudo-scientifique…
      Je le connais cet article, j’avais répondu à la quasi totalité des commentaires fait dessus, curieusement, ils sont encore en cours de modération…

      Si vous en voulez du même genre, il y en a ici aussi : http://tinyurl.com/pt8ldkd

      Et merci pour votre article, je le garde sous le coude pour de futures argumentations !

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  2. Romain
    4 juillet 2015

    « Pourquoi le sel se dissout-il entièrement dans l’eau s’il est composé d’1/3 de sable et d’1/3 de verre? » 😉

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    • Romain
      4 juillet 2015

      Ha mince je n’avais pas vu que c’était déjà écrit…

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  3. johnpcmanson
    5 juillet 2015

    Je cite : « Très souvent, le sel vendu est composé d’1/3 de sel, d’1/3 de verre et d’1/3 de sable, le verre et le sable irritent les membranes des artères, elles saignent et du cholestérol se dépose pour arrêter le saignement ».

    Le sel de mer est un mélange de plusieurs sels : il contient principalement des chlorures et des sulfates (aussi des bromures et des fluorures en quantités plus faibles), et contient du sodium et du magnésium, ainsi que du calcium et du potassium. Le sel est vendu comme condiment alimentaire, ou comme sel de déneigement. Le sel contient donc des substances solubles dans l’eau. Mais le sel n’est jamais vendu mélangé avec du sable ou du verre, surtout lorsque le sel est destiné à l’alimentation ou au sérums physiologiques. De plus, le verre est l’un des constituants du sable. Le sable est issue de l’érosion du granite : il se compose de mica, de feldspath et de quartz (lui-même composé de silice). S’il existait du verre pilé dans le sel, il y aurait de nombreuses personnes souffrant d’hémorragies internes pouvant être fatales, les vendeurs de sel auraient des problèmes en pareille situation, mais je suis certain que le marché du sel prend des précautions : on dissout le sel dans l’eau, on peut donc récupérer la saumure en l’ayant séparée des grains de sable qui sont insolubles (le verre est soluble dans l’acide fluorhydrique mais pas dans l’eau), et ensuite on évapore l’eau de la saumure pour récupérer le sel qui aura cristallisé (à ce niveau, pas de risque d’avaler accidentellement du sable). Pour rappel, le sable est un matériau insoluble dans l’eau et dont les grains ont un diamètre allant de quelques millièmes de millimètres à 2 millimètres, l’ingestion de sable et de verre est fortement déconseillée. Et écouter les gourous en adoptant une attitude imbécile et innocente est un délit. 😉

    Un tiers de sel, un tiers de verre, un tiers de sable ? D’où viennent ces chiffres, d’où provient cette composition ? Et pourquoi un tiers ? Il existe un moyen de vérifier la composition du sel en mesurant la densité du mélange. Il est possible de calculer la densité du sel sans faire de test de solubilité en sachant que dans 1 cm cube d’eau de mer il y a 35 mg de sel, et que l’eau de mer a une densité de 1,02, alors le sel de mer sec (cristallisé) a une densité de 1,57. Maintenant, sachant que la densité de la silice vaut 2,65 et que la densité du sable est entre 1,43 et 1,75, alors la densité du mélange sel/sable/verre à un tiers de chaque, est comprise entre 1,88 et 2.

    John.

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  4. Pierrot
    24 septembre 2017

    Bonjour.
    D’abord bravo & merci pour votre site où l’on apprend plein de choses.
    Pour aller dans le même sens que votre article, connaissez-vous le Debunking Handbook, résumé lapidaire mais intéressant de recherches sur les croyances et comment les déboulonner? PDF ici: https://cortecs.org/wp-content/uploads/2014/05/CorteX_Debunking_Handbook_French.pdf

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