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"Faut pas croire tout ce qu'on voit sur le web" – Einstein

Âge, cerveau, cancer… 5 mythes auquels vous croyez.

Fausses croyances et pensées magiques concernant les expériences humaines sont communes. Elles font du mal aux gens et empêchent la science d’avancer.

En 1997, des médecins de Corée du Sud ont commencé à proposer des dépistages précoces du cancer de la thyroïde à l’aide d’ultrasons. L’information s’est rapidement répandue, et bientôt les médecins de toutes la région ont eux aussi offert ce service. Finalement, cela s’est étendu à tout le pays, aidé par une initiative gouvernementale visant à détecter d’autres cancers. Des centaines de milliers de gens ont fait ce test pour entre $30 et $50.

Cet article est une traduction de  : The science myths that will not die

A travers tout le pays, les détections de cancers de la thyroïdeont explosé, passant de 5 cas pour 100.000 personne en 1999 à 70 pour 100.000 en 2011. Les deux tiers des diagnostiqués se sont fait enlever la glande concernée et suivent maintenant un traitement à vie. Ces deux choses comportent des risques.

On s’attend à ce qu’un programme de santé publique si coûteux et étendu sauvent des vies, mais ça n’a pas été le cas pour celui-là. Le cancer de la thyroïde est maintenant le plus communément diagnostiqué en Corée du Sud, mais le nombre de personne qui en meurent n’a pas changé – environ 1 décès pour 100.000 habitants.

Même lorsque des médecins sud-coréens se sont rendus compte de cela, et ont suggéré que le dépistage du cancer de la thyroïde prenne fin en 2014, l’Association Coréenne de la Thyroïde, une association professionnelle d’endocrinologues et de chirurgiens ont argué du fait que le dépistage et le traitement faisait parties des droits humains fondamentaux.

En Corée, comme partout ailleurs, l’idée que la détection précoce de n’importe quel cancer sauve des vies est devenue une croyance inamovible.

Cette fois aveugle dans le dépistage des cancers est un exemple de comment des idées concernant la biologie et le comportement humain persistent chez les gens – scientifiques compris – même lorsque les preuves scientifiques montrent que ces concepts sont erronés. « Les scientifiques pensent qu’ils sont trop objectifs pour croire à quelque chose d’aussi folklorique qu’un mythe » rapporte Nicholas Spitzer, directeur de l’Institut Kavli pour le Cerveau et la Pensée à l’Université de Californie, Sans Diego. Et pourtant, c’est ce qu’ils font.

Ces mythes germent souvent à partir d’une graine factuelle – la détection précode sauve réellement des vies dans certains types de cancers – et prospèrent ensuite sur les désirs et les anxiétés des humains, comme la peur de la mort. Mais ils peuvent être vraiment nocifs comme, par exemple, lorsqu’ils poussent les gens à se soumettre à des traitements et des actes chirurgicaux inutiles ou à dépenser de l’argent pour des produits dont l’efficacité n’a pas été prouvée.

Ils peuvent également détourner ou empêcher des recherches prometteuses en distrayant les chercheurs et en monopolisant les fonds alloués à la recherche. Et les réfuter est difficile.

Les chercheurs devraient travailler à éradiquer les mythes, mais ils ont aussi la responsabilité d’essayer d’en prévenir l’apparition pense Paul Howard-Jones, qui étudie les neurosciences et les sciences de l’éducation à l’Université de Bristol. « Nous devons voir plus loin pour comprendre comment ils apparaissent au départ et pourquoi ils sont aussi répandus et persistants. »

Certains mythes dangereux ont une large surface médiatique : les vaccins causent l’autisme, le VIH ne donne pas le SIDA… mais beaucoup d’autres traînent ici et là, causant du tort aux gens, coûtant de l’argent et affaiblissant la recherche – ou simplement courant sur les nerfs des scientifiques.

Ici, Nature s’intéresse à l’origine et aux répercussions de 5 mythes qui refusent de disparaître.

1 – Le dépistage précoce sauve des vies dans tous les cas.

Des dépistages réguliers peuvent être bénéfiques pour certains groupes à risques de certains cancers, comme les poumons, le col de l’utérus ou le côlon mais ce n’est pas le cas pour tous les tests. Cependant, certains patients et praticiens défendent farouchement les inefficaces.

La croyance que le dépistage précoce sauve des vies prend sa source dans le début du Xxème siècle lorsque les médecins se sont rendus compte qu’ils avaient de meilleurs résultats lorsque les tumeurs étaient identifiée et traitées juste après que les symptômes soient apparus. La suite logique était de supposer que plus tôt une tumeur était découverte, meilleures étaient les chances de survie. « On nous a tous appris, depuis que nous sommes dans les jupes de nos mères, que la façon de s’occuper du cancer c’est de le découvrir tôt et de l’enlever » pour Otis Brawaley, médecin en chef de l’American Cancer Society.

Mais de grandes études randomisées sur des cancers comme celui de la thyroïde, de la prostate ou du sein montrent que le dépistage précoce n’est pas forcément la panacée que l’on présente souvent. Par exemple, une analyse par la Fondation Cochrane de cinq essais cliniques randomisés et contrôlés totalisant 341.342 participants a mis en évidence que les dépistages ne diminuaient pas significativement es décès dus au cancer de la prostate(1).

« Les gens semblent penser que le simple fait de découvrir un cancer de manière soit-disant précoce doit être bénéfique, mais ça n’est pas comme ça du tout » précise Anthony Miller de l’Université de Toronto au Canada. Miller a mené l’Étude Canadienne sur le Dépistage du Cancer du Sein, une étude sur 25 ans de 89.835 femmes âgées d’entre 40 et 59 ans(2) qui a montré que les mammographies annuelles ne réduisaient pas la mortalité des cancers du sein.

Cela se produit car certaines tumeurs mèneront au décès quelle que soit le moment où elles sont détectées et traitées. Dans le même temps, les dépistages précoces sont agressifs et ont toute une série d’effets négatifs sur la santé.

La plupart des cancers se développent lentement et ne seront pas dangereux si on les laisse, donc la plupart des gens finissent en subissant des thyroïdectomies, des mastectomies et des prostatectomies inutiles.

Donc, au niveau d’une population, les bénéfices (c’est à dire les vies sauvées) ne dépassent pas les risques (vies perdues ou lésées par des traitement non nécessaires).

Cependant, les individus qui ont eu un cancer détecté et traité vont probablement ressentir que leur vie a été sauvée, et ces expériences personnelles aident à garder ces idées fausses vivantes. Et les oncologies débattent régulièrement d’à partir de quel âge et de quels facteurs de risques ont finirait par bénéficier de dépistages réguliers.

Consacrer tellement d’attentions sur les tests de dépistages actuels a un coût pour la recherche contre le cancer, précise Brawley. « Pour le cancer du sein, nous avons passé énormément de temps à discuter de si il valait mieux commencer à dépister à 40 ou à 50 ans, et pas du fait que nous avions besoin d’un meilleur test » comme celui qui pourrait différencier les tumeurs à croissance rapide de celles à croissance lente. Et les diagnostics existants devraient être rigoureusement testés pour prouver qu’ils sauvent effectivement des vies rappelle John Ioannidis du Centre de Recherche Standford pour la Prévention en Californie, qui a rapporté cette année que peu des 19 tests pour les maladies majeures réduisaient en effet la mortalité(3).

Changer les comportement sera difficile. Gilbert Welch de l’Institut de Dartmouth pour la Politique de Santé et les Pratiques Cliniques de Lebanon, dans le New Hampshire, pense que les gens préfèrent entendre qu’il faut faire un test rapide toutes les quelques années plutôt qu’on leur dise que bien manger et faire de l’exercice prévient le cancer. « Le dépistage est devenu un moyen facile à la fois pour les docteurs et les patients de penser qu’ils font quelque-chose de bien pour leur santé, mais le risque de cancer n’est pas du tout modifié. »

2 – Les anti-oxydants sont bons et les radicaux libres sont mauvais

En décembre 1945, le la femme du chimiste Denham Harman lui a suggéré de lire l’article du Journal de la Femme au Foyer intitulé « Demain, vous pourriez être plus jeune ». Cela a éveillé son intérêt pour le vieillissement et,des années plus tard, chercheur associé à l’Université de Berkely, Californie, Harman a eu une pensée « venue de nulle part » comme il se le rappelait plus tard.

Le vieillissement, a-t-il proposé, serait causé par les radicaux libres, des molécules réactives qui sont générées dans le corps comme sous-produits du métabolisme et qui finissent par endommager les cellules.

Les chercheurs se sont ralliés à la théorie du vieillissement par les radiateur libres, incluant le corollaire que les anti-oxydants (des molécules qui neutralisent les radicaux libres) sont bons pour la santé humaine.

Dans les années 1990, de nombreuses personnes prenaient des compléments d’anti-oxydants, comme la vitamine C et le β-carotène. C’est « l’une des rares théories a avoir atteint le grand public : la gravité, la relativité et le fait que les radicaux libres provoquent le vieillissement, dnc on a besoin de prendre des anti-oxydants » analyse Siegfried Heikmi, bilogiste à l’Université Mc Gill de Montréal, Canada.

Cependant, dans les années 2000, des chercheurs essayant d’étayer la théorie ont rencontré des résultats déconcertants : les souris génétiquement modifiées pour sur-produire des radicaux libres vivaient aussi longtemps que des souris normales(4) et celles prévues pour sur-produire des anti-oxydants ne vivaient pas plus vieux(5). C’était les premières d’une longue liste de données, qui se sont avérées initialement difficiles à faire publier.

La théorie des radicaux libres « était comme une sorte de créature que nous essayions de tuer, on continuait à tirer dessus mais elle refusait de mourir » se rappelle David Gems du College University de Londres, qui a commencé à publier ses propres résultats négatifs en 2003(6).

Puis, une étude sur les humains(7) a montré que les compléments d’anti-oxydants réduisaient les bénéfices du sport sur la santé, et une autre les a associé à une mortalité plus forte(8).

Aucun de ces résultats n’a ralenti le marché mondial des anti-oxydants, qui va des aliments et boissons aux additifs destinés au bétail. On projette qu’il passe de $2.1 milliards en 2013 à $3.1 milliards en 2020.

« C’est un racket massif » pour Gems « la raison pour laquelle la notion que vieillissement et oxydation sont corrélés se perpétue est qu’elle l’est par des gens qui font de l’argent avec ».

Aujourd’hui, la plupart des chercheurs travaillant sur le vieillissement s’accordent sur le fait que les radicaux libres peuvent provoquer des dommages aux cellules, mais ils semble que cela soit une part normale de la réaction au corps au stress. Cependant, ce domaine de recherche a gâché du temps et des ressources.

Et cette idée gêne toujours des publications sur les possibles effets positifs des radicaux libres craint Michael Ristow, chercheur en métabolisme à l’Institut Fédéral Suisse de Technologie à Zurich, en Suisse. « Il y a un ensemble significatif de preuves en train de dormir dans des tiroirs et des disques durs et qui soutiennent ce concept, mais les gens ne les publient pas, et c’est encore un problème majeur. »

Certains chercheurs questionnent aussi l’affirmation plus large selon laquelle des dommages moléculaires seraient la cause du vieillissement. « Il y a un point d’interrogation sur le fait de savoir si oui ou non tout ceci devrait être invalidé » précise Gems. Le problème, pour lui, est que « les gens ne savent pas vers où aller »

3 – Les humains ont un cerveau exceptionnellement gros

Le cerveau humain – et ses capacité de cognition remarquables – est souvent considéré comme le pinacle de l’évolution des cerveaux. Cette domination est souvent attribuée à sa taille exceptionnellement large en comparaison du corps, tout autant que de sa densité en neurones et cellules supports, les glies.

Rien de tout cela, cependant, n’est vrai. « Nous ne choisissons que les chiffres qui nous mettent sur le haut du podium » indique Lori Marino, chercheur en neurosciences à l’Université Emory d’Atlanta, Géorgie. Le cerveau humain est environ sept fois plus gros que ce que l’on attendrait pour un animal de cette taille. Mais celui des souris et des dauphin a environ les mêmes prpoprtions et certains oiseaux font même mieux.

« Le cerveau humain respecte les lois de dimensionnement, nous avons un cerveau de primate normalement dimensionné » assure Chet Sherwood, anthropologue biologiste à l’Unversité Georges Washington, Washington DC. Même le nombre de cellules a été gonflé : articles, revues et livres d’écoles indiquent souvent que le cerveau possède 100 milliards de neurones. Des mesures plus précises suggèrent que ce chiffre est plus proche de 86 milliards. On pourrait penser à une erreur d’arrondi mais 14 milliards de neurones est à peu près l’équivalent de deux cerveaux de macaques.

Les cerveaux humains sont différents de ceux des autres primates d’autres façons : Homo Sapiens a développé un cortex cérébral étendu – la partie du cerveau impliquée dans des fonctions comme la pensée ou le langage – et des changements uniques dans sa structure neurale et ses fonctions dans d’autres zones du cerveau.

Le mythe que nos cerveaux sont uniques du fait de leur nombre exceptionnel de neurones n’a pas rendu service aux neurosciences parce que d’autres possibles différences ne sont du coup que peu étudiées, explique Sherwood, pointant les exemples de l’énergie métabolique, des niveaux de développement des cellules et la connectivité longue distance des neurones.

« Ce sont des choses où on peut trouver des différences spécifiques aux humains, et elles semblent être relativement peu connectées au nombre total de neurones. »

Les chercheurs commencent à s’intéresser à ces sujets. Des projets comme le Human Connectome Project de l’Institut National pour la Santé des États-Unis et le Blue Brain Project de l’Institut Fédéral Suisse de Technologie de Lausanne travaillent maintenant à comprendre le fonctionnement du cerveau à travers des motifs d’actions plutôt que par la taille.

4 – Les gens apprennent mieux quand on leur enseigne de la façon qu’ils préfèrent

Les gens attribuent des qualités presque mythologiques à leur exceptionnellement gros cerveau. L’un d’entre eux est que les gens apprennent mieux quand on leur enseigne quelque-chose de la façon dont ils préfèrent apprendre.

Une personne verbale, par exemple, apprend supposément mieux à l’aide d’une instruction orale tandis que quelqu’un de plus visuel absorbe l’information plus efficacement à travers graphiques et autres diagrammes.

Il y a deux vérités au coeur de ce mythe : la plupart des gens a une préférence sur la façon dont on reçoit une information, et des preuves suggèrent que les enseignants obtiennent les meilleurs résultats lorsqu’ils présentent les informations à l’aide de moyens sensoriels variés. Couplez ça avec le désir des gens d’apprendre et d’être considéré comme unique et vous avez les conditions idéales pour voir un mythe émerger.

« Les styles d’apprentissage ont tout ce qui va bien : un brin de fait, des biais émotionnels et de la pensée magique » juge Howard-Jones. Mais tout comme pour le sucre, la télé ou le porno « ce que vous préférez n’est pas forcément ce qu’il y a de meilleur pour vous » avoue Paul Kirschner, psychologue des sciences de l’éducation de l’Université Ouverte des Pays-Bas.

En 2008, quatre neuroscientifiques en sciences cognitives ont analysé les preuves scientifiques en faveur ou contre des méthodes d’apprentissages. Seuls quelques études avait rigoureusement soumis les concepts à des test et la plupart de celles-ci montraient que d’enseigner aux gens de la façon qu’ils préféraient ne présentait pas de bénéfice pour l’apprentissage. « Le contraste entre l’énorme popularité des approches de méthodes d’apprentissage et le manque de preuves crédibles en faveur de leur utilité est, de notre opinion, frappante et dérangeante » écrivent les auteurs de l’étude(9).

Cela n’a pas arrêté une industrie lucrative d’édition à tout-va de livres et de tests pour 17 méthodes différentes. Les chercheurs eux aussi perpétuent le mythe, citant certaines n’entre elles dans plus de 360 articles sur ces cinq dernières années. « Il y a des groupes de chercheurs qui adhèrent encore à l’idée, principalement des gars qui ont développé des questionnaires et des études pour catégoriser les gens. Ils ont un fort intérêt là-dedans » accuse Richard Mayer, psychologue des sciences de l’éducation à l’Université de Californie, Santa Barbara.

Ces dernières décennies, les recherches sur les techniques d’apprentissage ont commencé à montrer qu’il y a des façons de faire qui améliorent réellement l’apprentissage, y compris de faire résumer ou expliquer les concepts par les étudiants. Et il semble que la plupart des gens se débattant avec des handicaps d’apprentissages apprennent mieux d’un mélange de mots et de graphiques, plutôt qu’un seul des deux.

Cependant, le mythe des méthodes d’apprentissage rend difficile l’introduction de ces concepts basés sur des preuves dans des salles de classes. Quand Howard-Jones discute avec des enseignants pour mettre fin à ses mythes, ils n’aiment généralement pas entendre ce qu’il a à dire. « Ils ont des visages déçus. Les enseignants investissent des espoirs, du temps et des efforts dans ces idées, et après ça ils n’ont plus d’intérêt dans ce que la science peut apporter à l’éducation et l’enseignement ».

5 – La population humaine grossit exponentiellement (et nous sommes foutus)

Les peurs concernant la surpopulation ont commencé avec le révérend Thomas Malthud en 1798, qui prédit qu’une croissance démographique incontrôlée conduirait à la famine et à la,pauvreté.

Mais la population humaine n’augmente, ni n’a augmenté, exponentiellement et il est peu probable que ce soit un jour le cas pour Joel Cohen, chercheur en démographie l’Institut Rockfeller de New York. La population mondiale augmente maintenant à la moitié de la vitesse qu’elle atteignait avant 1965. Aujourd’hui, on estime que nous sommes 7,3 milliards à la surface de la planète et on projette une population de 9,7 milliards en 2050.

Cependant, la croyance que la vitesse à laquelle notre nombre s’accroît va mener à un scénario d’apocalypse est continuellement remise sur pied. Le médecin reconnu Albert Bartlett, par exmple, a donné plus de 1.742 conférences sur la croissance exponentielle de la population humaine et ses conséquences extrêmes depuis 1969.

La population mondiale a également suffisamment à manger. Selon la FAO, le taux d’augmentation de production de nourriture au niveau mondial dépasse celui de la population. Nous produisons suffisamment de calories pour nourrir entre 10 et 12 milliards de personnes, et cela juste avec les céréales.

SI la faim et la malnutrition persistent à travers le monde, c’est qu’environ 55 % de a production alimentaire est dirigée vers l’alimentation du bétail, les agro-carburants et d’autres choses… ou part simplement à la poubelle indique Cohen. Et ce qui reste n’est même pas distribué – les riches ont plein, les pauvres ont peu. De la même façon, l’eau potable n’est globalement pas rare, même si 1,2 milliards de personnes vivent dans des endroits où elle l’est.

« La surpopulation n’est pas vraiment de la surpopulation, c’est une question de pauvreté » précise Nicholas Eberstadt, démographe à l’Institut Américain pour les Entreprises, un groupe de réflexion conservateur basé à Washington.

Mais au lieu de se pencher sur les raisons de la pauvreté et comment supporter de manière durable une population en hausse, les sociologues et les biologistes débattent ensembles de la définition et des causes de la surpopulation, ajoute-t-il.

Cohen déclare encore que « même les gens au courant des faits s’en servent comme d’une excuse pour ne pas prêter attentions aux problèmes que nous avons maintenant » en songeant à l’exemple des systèmes économiques qui favorisent ceux qui sont déjà riches.

Comme d’autres interviewés pour cet article, Cohen est peu optimiste à propos des chances de faire disparaître l’idée de la surpopulation et d’autres mythes du genre (voir ci dessous) mais il est certain qu’il vaut la peine d’essayer afin de prévenir la naissance d’autres fausses idées.

De nombreux mythes ont émergé après qu’un chercheur ait extrapolé au-delà des conclusions du travail d’un autre, comme ce fut le cas pour les radicaux libres. Cette « canaille d’interprétation » comme l’appelle Spitzer peut mener à des conceptions erronées qui sont difficiles à éliminer.

Pour empêcher cela, « nous devons nous assurer qu’une extrapolation est justifiée et que nous n’allons pas au-delà des données » suggère-t-il. Et encore au-delà, c’est une question de communication pour Howard-Jones : les chercheurs doivent être efficaces pour communiquer leurs idées et éviter les messages trop simples ou réducteurs.

Les mythes qui persistent

Nature a sondé des médecins et des chercheurs à propos des mythes médicaux qu’uls trouvent les plus frustrants, voici les résultats :

Les vaccins causent l’autisme.
Même si il y a quelques risques associés aux vaccins, la connections avec des troubles neurologiques a été débunkée de très nombreuses fois.

Le paracétamol fonctionne grâce à des mécanismes connus.
Même si il est largement utilisé, nous n’avons que des indices sur comment lui et d’autres médicaments courants fonctionnent effectivement.

Le cerveau est isolé du système immunitaire.
Il a son propre système immunitaire, et un système lymphatique qui le connecte à celui du reste du corps a été récemment découvert.

L’homéopathie fonctionne.
Non

Une fois qu’un mythe est là, il est souvent là pour rester : de nombreuses études de spychologies suggèrent que le simple fait de tenter de déconstruire un mythe mène à un plus fort attachement à celui-ci par ceux qui y croient.

Dans une expérience, l’exposition à des messages pro-vaccins ont réduit l’intention de futurs parents de faire vacciner leurs enfants. Dans une autre, corriger de fausses affirmations faites par des politiciens a renforcé l’attachement à ces fausses croyances par ceux qui les avaient déjà.

« Les mythes sont presques impossibles à faire disparaître » regrette Kirschner « plus vous les réfutez, plus ils deviennent résistants. »

  1. Ilic, D., Neuberger, M. M., Djulbegovic, M. & Dahm, P. Cochrane Database Syst Rev. 1, CD004720 (2013).

  2. Miller, A. B. et al. Br. Med. J. 348, g366 (2014).

  3. Saquib, N., Saquib, J. & Ioannidis, J. P. A. Int. J. Epidemiol. 44, 264–277 (2015).

  4. Doonan, R. et al. Genes Dev. 22, 3236–3241 (2008).

  5. Pérez, V. I. et al. Aging Cell 8, 73–75 (2009).

  6. Keaney, M. & Gems, D. Free Radic. Biol. Med. 34, 277–282 (2003).

  7. Ristow, M. et al. Proc. Natl Acad. Sci. USA 106, 8665–8670 (2009).

  8. Bjelakovic, G., Nikolova, D. & Gluud, C. J. Am. Med. Assoc. 310, 1178–1179 (2013).

  9. Pashler, H., McDaniel, M., Rohrer, D. & Bjork, R. Psychol. Sci. Public Interest 9, 105–119 (2008).

3 commentaires sur “Âge, cerveau, cancer… 5 mythes auquels vous croyez.

  1. johnpcmanson
    25 décembre 2015

    Je cite : « A travers tout le pays, les détections de cancers de la thyroïde ont explosé, passant de 5 cas pour 100 000 personnes en 1999 à 70 pour 100 000 en 2011. »

    Par million d’habitants, la moyenne naturelle des cas de cancers thyroïdiens est de 50 plus ou moins 3,16 (si on se base sur 5 cas pour 100 000). Avec une p-value de 0,05, il faut plus de 55 cas par million pour que la variation soit statistiquement significative. Et plus de 57 cas par million pour une p-value de 0,01. Or on est passé de 55 ppm à 700 ppm, ce qui est extrêmement significatif, et anormal, montrant une anomalie dans les conséquences de ce type de dépistage par rapport au taux naturel observé avant l’apparition de ce dépistage.

    Lors de la création d’un (vrai) procédé de dépistage du cancer de la thyroïde, il n’existe aucune raison pour que la fréquence des cas de cancers de la thyroïde soit multipliée par 14 de façon inexpliquée (à moins qu’il y ait eu une fuite soudaine d’iode radioactif d’une centrale nucléaire autochtone, mais j’en doute).

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  2. phimbac
    27 décembre 2015

    Il y aurait beaucoup à dire. Bon, au moins points 4 et 5:
    4- Veut-on que la personne apprenne ou pas? Est-elle motivée? Le marché des méthodes pullule de slogans publicitaires et de recette fumeuses, certes. Un individu n’a pas intérêt à n’être confronté qu’à un seul mode d’apprentissage tout le temps, certes. Mais il reste que les gens voulant choisir pour eux-mêmes au moins une partie du temps, se sentir libres quoi, il existe plein de situations où, si on leur empêche de faire ne serait-ce qu’un petit choix sur la méthode, ils vons simplement trouver rébarbatif ou refuser l’apprentissage…
    5- Je m’attendais plus à lire ça dans un canard tenu par un industriel que dans Nature (mmm…). On a donc Joel Cohen, de l’Institut Rockfeller et Nicholas Eberstadt, de l’Institut Américain pour les Entreprises, deux sources assez liées aux grandes entreprises, qui amalgament l’exponentielle et l’état soutenable de notre démographie. Ok, l’exponentielle est discutable mathématiquement, quoique notre multiplication reste spectaculaire et rapide, mais surtout, même sans parler des différences de modes de vie, notre impact actuel global est totalement insoutenable pour l’écosystème, ce qui ne nous permet pas de savoir « à combien c’est bien » puisque nous n’arrivons pas à déterminer d’équilibre non destructeur…

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  3. Angie Renaud
    8 septembre 2016

    Concernant l’augmentation exponentielle ou pas de la population. Pour une fois il ne faut pas raisonner en coefficient multiplicateur mais en valeur absolue. Si on est cent et qu’on passe à deux cent, on fait fois deux oh la la c’est énorme ! Mais au final on a gagné cent pellots. Alors qu’on multiplie 7 500 000 000 par 1.01 = plus 75 000 000.

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